HISTOIRE

L’INCIDENT DE FACHODA

Le 19 septembre 1898, c’est l’incident de Fachoda. Cette localité se trouve à 650 km au sud de Khartoum (actuel Soudan).
C’est un poste militaire égyptien pour lutter contre des trafiquants arabes.
Fachoda est une localité sur la rive ouest du Nil Blanc (branche du Nil).
Elle est constituée de quelques constructions en terre sèche et elle est la capitale du peuple Silluk (peuple traditionnel). Cette région est aussi très convoitée par les puissances colonisatrices européennes : France, Royaume-Uni, Italie, Belgique. Elle est donc d’un grand intérêt stratégique.
La France possède le Sénégal sur la côte ouest de l’Afrique et à l’est, Djibouti à la sortie de la Mer Rouge. De leur côté, les Britanniques contrôlent l’Egypte au nord et possèdent l’Afrique du sud qui est la pointe méridionale du continent. On est à l’ère de la pleine expansion du chemin de fer. Les Français envisagent de relier Dakar à Djibouti par voie ferrée. Tandis que les Britanniques veulent en faire autant dans le sens nord-sud pour relier Le Caire au Cap.
Forcément, les deux lignes devraient se croiser. La Mer rouge est aussi d’un grand intérêt stratégique depuis l’ouverture du canal de Suez (1869). Le khédive (vice-roi d’Egypte à cette époque) avait accordé 45% des parts du canal aux Français. Parts qui ont été rachetées par….les Britanniques. Pour eux, c’est la route des Indes, « perle de leur empire ».
Pour les Français, c’est la route vers l’Indochine récemment conquise et qui permet l’exploitation du caoutchouc (on est au début du développement de
l’automobile). Les deux plus grands empires coloniaux ont tout pour se retrouver face à face.
En juin 1882, les Anglais interviennent militairement en Egypte. La France voudrait bien réagir, mais elle n’en a pas les moyens (surtout financiers). Elle qui y était très présente depuis 1798, quand Bonaparte était venu la conquérir, un siècle plus tard, elle en est exclue. Dans un premier temps, les Britanniques avaient été vaincus par les Mahdistes (religieux du Soudan) qui ont finalement été matés par le général Horacio Kitchener (le jeune Winston Churchill y a participé). Voyant qu’ils sont en position de force, le ministre français des colonies, Théophile Delcassé veut en 1894, amener les Britanniques à faire quelques concessions sur l’Egypte.
Mais les Britanniques n’ont pas pris cette demande à la légère. Cela a été considéré comme un « acte inamical », voire un acte de guerre. Il faut dire que
cette susceptibilité s’explique par le fait que de nombreux accrochages se produisent entre colonisateurs. Alors, Delcassé devenu ministre des Affaires
étrangères, demande au capitaine Jean-Baptiste Marchand de préparer une expédition vers Fachoda. Il en reçoit l’accord officiel le 24 février 1896 et part de Marseille le 29 juin pour arriver à Loango au Congo en septembre. De là avec 5 000 fantassins indigènes (parfois recrutés de force) et des tirailleurs sénégalais comme porteurs, Marchand se dirige vers Fachoda où il hisse le drapeau tricolore et appelle la localité Fort Saint-Louis.
En août 1798, Salisbury, Premier Ministre britannique demande à Kitchener de repousser toute implantation étrangère. Le 25 août, Marchand a fort à faire avec des populations indigènes mécontentes de cette intrusion.
C’est le 19 septembre à 10 heures que Kitchener rencontre Marchand à Fachoda. Tout en reconnaissant que ce dernier, en bon militaire, obéit aux ordres de son gouvernement, l’échange est houleux, car Kitchener exige l’évacuation des lieux le 30 septembre. Les deux chancelleries, française et britannique, échangent pendant quelques semaines. La France prévoit alors d’évacuer. L’information est envoyée à Marchand. Mais pendant les négociations, la Royal Navy envoie sa flotte devant Bizerte (port de Tunisie qui est un protectorat français) et devant Brest, grand port militaire français.
Seulement voilà, la France a perdu l’Alsace-Lorraine en 1871 et rêve de la récupérer. Pour cela, elle a besoin d’alliés et il n’est donc pas question de faire de la Grande-Bretagne un ennemi. Le 3 novembre, l’évacuation est confirmée. Près d’un mois plus tard, le 1er décembre, Marchand quitte Fachoda et part pour Djibouti. Pour la France, c’est une défaite diplomatique qui attise le sentiment anti- anglais dans le pays. On a le patriotisme sensible dans ce contexte.
Le 21 mars 1899, un accord définit plus clairement les limites des influences territoriales. Elle s’établit sur la ligne de partage des eaux du Nil et du lac Tchad. Comme on sent qu’on aura besoin de la puissance britannique (la 3 ème du monde au début du XXème siècle, dépassée par les Etats-Unis et.. l’Allemagne), le 8 avril 1904 est signée « l’entente cordiale ». C’est sûr, en cas de conflit, le Royaume-Uni sera aux côtés de la France. Et de part et d’autre, chacun a ses problèmes internes. Le Royaume-Uni est en guerre en Afrique du Sud contre les Boers. En France, on est en pleine affaire Dreyfus et aussi en plein débat sur la laïcité. Pour éviter l’isolement et prendre éventuellement l’Allemagne à revers, la France avait signé une entente avec la Russie le 27 décembre 1892. De son côté le Royaume-Uni en a signé une avec cette même Russie en juillet 1905. Finalement, on s’est beaucoup chamaillé avec les Britanniques, mais finalement, dans les moments difficiles, ils seront à nos côtés.

Dans le calendrier républicain, le 19 septembre est le jour du …. Travail

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