MARIE CURIE
Le 4 juillet 1934, Marie Curie décède à Passy en Haute-Savoie où elle se faisait soigner.
Elle était née le 7 décembre 1867 à Varsovie, dans cette partie de la Pologne qui était russe.
Son patronyme était Maria Sklodowska, issue d’une famille aisée dont le père était professeur de mathématique et physique. Sa mère était institutrice.
Très tôt, elle fait des études brillantes et participe à « l’université volante », c’est-à-dire clandestine, car les études supérieures étaient interdites aux femmes. Alors, elle part en France et se fait un peu d’argent comme gouvernante (nounou), puis revient à Varsovie en 1886. De retour à Paris en 1891 elle s’inscrit à la faculté des sciences le 3 novembre 1891. Au mois de mars suivant, elle trouve un logement dans le Quartier Latin, proche de la faculté. En juillet 1894, elle termine 1ère de sa promotion de licence de physique et 2ème pour la licence de mathématique, l’année suivante.
C’est à ce moment-là qu’elle rencontre Pierre Curie avec qui elle travaille en laboratoire. La collaboration est telle qu’ils ont des sentiments l’un pour l’autre. Si bien qu’après un nouveau séjour à Varsovie, elle se marie le 20 juillet 1894 à Sceaux, dans la région parisienne. En 1896, elle obtient l’agrégation de mathématique. Parallèlement, elle fait des travaux de recherche sur les aciers et prépare un doctorat. Entre temps, le 12 septembre 1897, elle met au monde une fille que le couple prénomme Irène qui sera secrétaire d’Etat sous le Front populaire de 1936.
Le sujet de son doctorat concerne une étude des rayonnements d’uranium. En même temps, elle découvre la radioactivité du thorium. Puis le 28 décembre 1898, avec le chimiste Gustave Bémont, c’est la découverte du radium. Grâce à tout ce travail, le 26 octobre 1900, elle devient chargée de conférences de physique à l’Ecole Normale Supérieure de jeunes filles (on ne mélange pas les filles et les garçons!) à Sèvres, toujours dans la région parisienne.
Le 25 juin 1903, Marie Curie présente une thèse sur les substances radioactives. Elle obtient la mention « très honorable ». Six mois plus tard, le 20 décembre 1903, elle obtient le prix Nobel de Physique avec son époux Pierre et un autre physicien, Henri Becquerel….mais son nom n’est pas cité. Il a fallu l’intervention de Pierre Curie pour que son nom soit associé aux deux autres lauréats. Elle devient donc la première femme à obtenir un prix Nobel. Ce prix existe depuis 1901.
La vie continue et le 6 décembre 1904 naît sa seconde fille, Eve (qui sera pianiste et fera carrière aux Etats-Unis). Mais un drame vient toucher la famille car le 19 décembre 1906, Pierre meurt dans un accident de voiture à cheval. Marie en a été très affectée. Néanmoins, elle devient la première femme directrice de laboratoire et elle enseigne à la Sorbonne. Ce qui amène le commentaire suivant du quotidien « Le journal » : « Le temps est proche où les femmes deviendront des êtres humains ». Cela est écrit 10 ans après que pour les premiers Jeux Olympiques de 1896, Pierre de Coubertin avait interdit la participation des femmes.
Le 4 novembre 1911 éclate l’affaire Langevin. Paul Langevin est un physicien qui a été élève de Pierre Curie. Depuis 1910, avec Marie Curie commence une liaison amoureuse passionnée. Elle est veuve, lui est marié, père de 4 enfants, plus jeune qu’elle de 5 ans. Leur liaison est donc découverte en 1911. On a fouillé les affaires personnelles de l’un et de l’autre, pour les livrer à la presse. Pas joli, mais c’était ainsi et c’est encore ainsi. La presse se déchaîne, surtout celle d’extrême droite (en particulier « L’œuvre ») antisémite et nationaliste (Langevin est pacifiste et anti fasciste). Ce journal titre : « Une histoire d’amour : Mme Curie et le professeur Langevin, les feux du radium viennent d’allumer un incendie ». Les relents nationalistes s’en donnent à cœur joie. Ainsi, peut-on lire dans la presse : « Une Polonaise venant briser un bon ménage français ».
L’affaire tombe très mal car Marie Curie vient d’être à nouveau désignée Prix Nobel, mais de chimie cette fois. Néanmoins, même dévastée, elle se rend à
Stockholm recevoir son prix. Déjà atteinte de problèmes rénaux, le voyage l’a épuisée. La même année, est créé l’Institut Curie. Puis arrive la guerre en été 1914, dans laquelle elle s’engage. Elle crée une antenne chirurgicale mobile pour être au plus près des blessés et des malades. Les véhicules sont équipés d’appareils Röntgen pour prendre des radiographies dont les images sont transmises par rayons X.
Le 28 juillet 1916, elle obtient son permis de conduire. Elle fait des radiographies, assistée de sa fille Irène. A partir des années 20, elle voyage beaucoup pour le compte de la Commission internationale de coopération intellectuelle qui est un organe de la jeune SDN (Société Des Nations). Elle a toujours tenu à conserver son identité polonaise.
Ainsi elle a appelé polonium, un élément chimique (bien connu des empoisonneurs).
Au cours de sa carrière scientifique, elle a été très exposée à la radioactivité. On ne prenait pas encore les précautions nécessaires, faute de savoir les
conséquences pour la santé. Aujourd’hui, tous les radiologues prennent des mesures de protection. Marie Curie est de plus en plus malade, elle est atteinte d’une leucémie qu’elle essaie de soigner au sanatorium de Passy dans la Haute-Savoie. Rien n’y fait, elle s’éteint le 4 juillet 1934.
Mais Marie Curie n’est pas oubliée. On a donné son nom à de nombreux hôpitaux et établissements d’enseignement. Même en Pologne, à Lublin, l’université s’appelle « Marie Curie – Sklodowska ». Ici et là, des rues portent son nom, à Paris, c’est une station de métro. Avant l’euro, un billet de 500 francs était fait à son effigie, puis ce sera une pièce de 50 centimes d’euro, en 2024, un timbre-poste. Son histoire est relatée dans des livres, au théâtre, au cinéma, à la télévision. L’année 2011 a été décrétée année Marie Curie, en l’honneur du 100ème anniversaire de son prix Nobel de chimie. Le 17 juin 1994 est ouvert le musée Curie (Pierre et Marie) à Paris, à l’université des sciences et lettres.
Enfin, honneur suprême, 20 avril 1995, elle fait son entrée au Panthéon, mais dans un cercueil entouré de plomb pour éviter les contaminations radioactives au personnel et aux visiteurs.
Dans le calendrier républicain, le 4 juillet est le jour du tabac.
Le tabac, qui comme le radium, tue.