HISTOIRE

Marius Rossillon

Le 8 juin 1867, est né à Lyon, Marius Rossillon.
C’était un dessinateur pour publicités (on disait réclames).
On l’avait surnommé O’Galop car ses dessins étaient rendus rapidement.
Il a dessiné pour « Le Rire » (hebdomadaire humoristique), pour « l’Assiette au beurre » (magazine satirique),  le « Pèle-Mêle » (hebdomadaire humoristique), « Le Cri de Paris » (hebdomadaire satirique et politique), le « Charivari » (quotidien satirique illustré).

Tout le monde connaît la publicité pour les pneus Michelin : le fameux Bibendum, avec son embonpoint débonnaire, ses grosses semelles de caoutchouc. L’auteur de ce personnage universellement connu, c’est lui : Marius Rossillon qui l’a créé en 1910, où il devient l’affichiste attitré de Michelin. On est au tout début de l’essor de l’automobile.

Mais c’est loin d’être sa seule production. Il a dessiné la réclame pour le dentifrice Gibbs, les pâtes Lustucru, le stylo Waterman, la boisson gazeuse Riqlès. II a également illustré des recueils des Images d’Epinal. Et ce n’est pas tout. Il a aussi produit des films : « Bécassotte à la mer », court métrage de 1920, et « La colombe et la fourmi » de 1924 et qui est une illustration de la fable de La Fontaine.

Après son mariage, en 1898, il achète une maison en Périgord, à Beynac qui est encore loin d’être submergé par le tourisme. Cette maison est en haut d’un chemin au-dessus des maisons. La sienne domine le bas du village et la courbe de la Dordogne, et tout là-haut, le fier et puissant château médiéval qui donne l’impression de surveiller les alentours. On peut la reconnaître : une plaque commémorative y a été apposée. De-là, il a peint les merveilleux paysages de la vallée de la Dordogne. Marius Rossillon y restera jusqu’à sa mort (2 janvier 1946). En fait, il mourra à l’hospice de saint-Rome (actuellement EHPAD), sur la commune de Carsac-Aillac, distante d’une trentaine de km.

Son petit-fils Philippe fera une carrière de diplomate. Celui-ci s’est donné pour objectif de défendre la langue française au Québec. Ce qui lui vaudra quelques ennuis avec le 1er Ministre Canadien, notamment après l’apostrophe de De Gaulle : « Vive le Québec libre ! » en juillet 1967. Philippe se marie avec Véronique Seydoux, issue d’une riche famille d’industriels. Ils ont deux enfants : Antonin et Kléber. Antonin se tue accidentellement, à 33 ans, sur la route le 11 août 1991, sur la commune voisine de Vézac. Quant à Kléber, il dirige l’entretien des sites culturels et touristiques. Il en a 12 sous sa responsabilité. Parmi eux, on note, le château de Marqueyssac sur la commune de Vézac, célèbre pour ses jardins bordés de buis parfaitement taillés, dominant la Dordogne. De l’autre côté de la rivière, il a fait reconstruire le château médiéval de Castelnaud, longtemps en ruines et qui, aujourd’hui est le lieu d’animations liées au Moyen-Age. Il est aussi le propriétaire de ces deux châteaux. Entre autres, il gère le château de Langeais (Indre-et-Loire), le musée de Montmartre, la grotte Chauvet (Ardèche), la grotte Cosquer (Bouches-du-Rhône), le Mémorial de Waterloo en Belgique.  

Mais c’est finalement dans son secteur que Kléber Rossillon a connu le plus de difficultés : la vallée de la Dordogne qui passe entre le château de Castelnaud (pris par les Anglais pendant la guerre de Cent ans) et celui de Beynac (resté français). En fait le problème n’a rien à voir avec les rivalités de cette époque. Celui qui fut maire de Castelnaud, puis conseiller départemental, est devenu président du Conseil départemental de la Dordogne : Germinal Peiro. Celui-ci s’est mis en tête, à la suite de son père, maire de Vézac, de contourner Beynac par ce que l’un et l’autre ont appelé « la voie de la vallée ». Il est vrai que la route qui joint Bergerac à Sarlat, ne peut recevoir un trafic toujours plus dense, vue son étroitesse. Il existe bien une autre route pour joindre ces deux villes, mais elle passe dans les bois à une quinzaine de km de là et qui serait moins coûteuse. Mais elle le tort de ne pas traverser le fief électoral de Germinal Peiro. Pour réaliser cette « voie de la vallée », il fallait construire deux ponts, une route traversant une réserve naturelle protégée. Mais rien n’y fit. Germinal, l’ancien champion de Canoë kayak, a fait commencer les travaux malgré les oppositions d’une partie de la population, de l’administration régionale de Bordeaux, et l’opposition de Kléber Rossillon, protecteur du patrimoine et propriétaire de deux châteaux. Et de toute façon, sa démarche avait été jugée illégale.

Est-ce que Germinal Peiro, avec un prénom qui rappelle le calendrier de 1793, se croit investi pour s’opposer à ceux qu’il appelle les châtelains ? Quoi qu’il en soit, il en fait un combat personnel et, jusqu’à présent, tarde à répondre aux injonctions administratives pour détruire ce qu’il a commencé à construire. Or, parmi ceux qu’il désigne comme des « châtelains, il y a bon nombre d’illustres inconnus qui ont signé des pétitions contre cette stupide entreprise. On est en plein imbroglio politico-clochemerlesque, qui a pour principal inconvénient de coûter cher à la collectivité, sans rien rapporter à personne, sauf à l’ego de germinal Peiro. Pour l’instant, il règne en potentat local sur le département de la Dordogne. Stéphane Bern, lui aussi sensible au patrimoine, a même parlé d’un « Ceausescu » du Périgord.  

On est loin de Marius Rossillon et de son Bibendom Michelin. Ainsi va le monde dans ce beau Périgord. 

Dans le calendrier républicain, le 8 juin est le jour de la fourche (peut-être celle que Germinal Peiro voudrait brandir contre les « châtelains »).

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