Madame de Montespan
Le 27 mai 1707, Françoise de Rochechouart de Mortemart est décédée à Bourbon-l’Archambault (actuellement dans l’Allier). Elle avait 67 ans (née le 5
octobre 1642 à Lussac-les Châteaux aujourd’hui dans la Vienne).
On la connaît beaucoup plus comme marquise de Montespan.
Elle fut d’abord mademoiselle de Tonnay-Charente (localité en amont de Rochefort/Mer en Charente-Maritime actuelle), jusqu’à ce qu’elle devienne l’épouse de Louis Henri de Pardaillan de Gondrin, marquis de Montespan.
Voilà donc Françoise de Rochechouart, marquise de Montespan.
La reine, Marie-Thérèse d’Autriche, épouse de Louis XIV la fait venir à la Cour, au service de Monsieur (on appelle Monsieur, le frère du roi).
Françoise est très belle et donc recherchée.
Elle se marie en février 1643, à 21 ans, ce qui n’est pas trop précoce à l’époque.
Avec son époux, elle a 3 enfants.
Une fois à la Cour, elle devient dame d’honneur de la reine Marie-Thérèse.
Ce qui lui donne l’occasion de rencontrer le roi Louis XIV en 1666, qui lui, est occupée avec Louise de la Vallière, sa maîtresse.
Donc, jusque-là, il ne prête guère attention à Madame de Montespan. Mais celle-ci est futée, elle se lie d’amitié avec Louise dont elle devient la confidente. On progresse…
Enfin, le roi la remarque. Il note sa culture, la vivacité de son esprit, et bien sûr sa beauté.
Tout compte fait, il trouve La Vallière trop réservée.
Madame de Montespan franchit un échelon : elle devient la maîtresse du roi.
La nature du roi a horreur du vide!
Le 18 juillet 1668, lors du « grand divertissement royal », Louis XIV rend hommage à sa nouvelle favorite.
En 1670, elle fait même partie du voyage aux Provinces-Unies (actuels Pays-Bas) dans la voiture du roi….et de la reine.
Cette beauté, le roi tient à « la faire admirer à tous les ambassadeurs » dit madame de Sévigné.
Et le Montespan, dans tout ça ? L’époux légitime ? Habituellement, le mari trompé fait contre mauvaise fortune bon cœur.
Les belles récompenses : des titres, des terres, voire des pensions, incitent à ne pas faire de scandales.
Lui, il revient sur ses terres de Gascogne, où il pourrait facilement retrouver à se marier.
Mais non, le Montespan, il n’est pas content.
Cocu et pas content, même si c’est le roi. Il clame partout son infortune et décore son carrosse de cornes!
Il refuse d’annuler son mariage. Si bien que la relation de sa femme avec le roi, est un double adultère.
Ca fait un peu sourciller le pape, mais bon…
Elle est capable d’influencer le roi. Les ministres le savent, la craignent et se soumettent à ses caprices.
Car la dame aime le grand luxe. D’ailleurs, dans les moments de grande intimité, les colliers de perles tombent sur son cou, raconte l’historien Jean Teulé.
Le luxe, mais elle contribue aussi au développement du commerce, des manufactures, des beaux arts.
Elle protège La Fontaine, Molière, celle qu’on appelle le Grande Mademoiselle : la duchesse de Montpensier, petite- fille d’Henri IV et cousine de Louis XIV.
Avec Louis XIV, Mme de Montespan aura 7 enfants (dont 4 qui atteindront l’âge adulte).
On n’a pas de contraception sûre au XVIIème siècle.
Aussi, au fur et à mesure des grossesses, elle devient moins belle.
Il est difficile de dire à un souverain aussi absolu que Louis XIV : « Sire, prenez garde, vous allez encore m’engrosser ! ».
Conséquence : Madame de Montespan a pris de l’embonpoint.
Conséquence de la conséquence : le roi s’entiche d’une jeunette de 17 ans.
Oh Me too, que n’étais-tu pas là !
Le roi en a 41.
C’est la duchesse de Fontanges arrivée à la Cour pour devenir la demoiselle d’honneur.
En clair la nounou des enfants.
Elle est belle et jeune, la Montespan est moins belle et moins jeune.
Alors, le roi la remarque.
Il la remarque d’autant mieux que la famille lui avait recommandé de devenir la maîtresse du roi.
Elle est belle, mais « sotte comme un panier » dira Bossuet.
La liaison ne dure pas longtemps : Mademoiselle de Fontanges meurt en couches à 20 ans.
Quant à madame de Montespan, soupçonnée d’être impliquée dans « l’affaire des poisons » qui a pourri l’atmosphère de la Cour de 1676 à 1682, elle tombe en disgrâce.
En 1691, elle se retire dans l’abbaye de Fontevraud (Maine-et-Loire), où elle reste jusqu’à sa mort, en 1707.
Mais après l’épisode de Mademoiselle de Fontanges, le roi n’allait pas rester sans maîtresse, le pauvre !
Le 10 juillet 1683, la reine meurt, le roi est donc veuf.
En 1674, il rencontre Françoise d’Aubigné, veuve du seigneur Scarron.
Elle est d’abord la gouvernante des enfants « naturels » (j’aime l’expression) du roi avec Madame de Montespan, qui l’avait invitée à la Cour.
Louis XIV apprécie qu’elle s’occupe parfaitement des enfants.
Ce qui lui vaudra de devenir marquise de Maintenon.
Elle a la réputation d’être une femme très pieuse.
Dans la nuit du 9 au 10 octobre 1683, elle se marie en secret avec le roi.
A partir de là, son influence est grande sur Louis XIV.
Ainsi, elle le pousse à signer l’édit de Fontainebleau (18 octobre 1685) qui abolit l’édit de Nantes, signé presque un siècle plus tôt par Henri IV.
Finie la relative liberté de culte. Les protestants sont invités à se convertir.
L’invitation devient obligation.
Contre les récalcitrants, on envoie des soldats, les dragons.
Ce seront les « dragonnades » qui consistent à les convertir de force.
Il paraît que le roi n’était pas au courant ?
Résultat, beaucoup de protestants se réfugient dans des lieux difficiles d’accès, comme les Cévennes.
Où s’expatrient vers des pays luthériens, en Allemagne du nord et surtout aux Provinces-unies (approximativement Pays-Bas actuels) qui se lancent dans la conquête de l’Afrique du Sud, à laquelle certains participeront.
Ainsi aujourd’hui, en Afrique du Sud, on retrouve des patronymes français, comme Dutoit, De Clerq….
Même au temps de Louis XIV, on considérait une femme d’abord par son physique avant de savoir si elle était intelligente ou sotte.
Est-ce que les choses ont beaucoup changé ?
Dans le calendrier révolutionnaire, le 27 mai est le jour du lis.