HISTOIRE

24 avril 1916, c’est Pâques à Dublin.

Le 24 avril 1916, c’est Pâques à Dublin. Mais ce sont des Pâques sanglantes où il
n’est pas question d’envoyer les enfants chercher des œufs. Remettons-nous
dans le contexte. En 1916, l’Irlande qui est déchirée entre catholiques et
protestants, est une possession de la couronne britannique depuis le XVIème
siècle, mais plutôt sous forme de colonie. En 1916 encore, le Royaume-Uni est en
guerre contre l’Allemagne qui a lancé une violente offensive sur Verdun depuis le
mois de février.
En ce jour de Pâques donc, 200 membres des « Irish Volonteers » appartenant à
une armée irlandaise clandestine, ont pour programme, l’indépendance. Pour y
parvenir, cette armée envisage d’aider l’Allemagne à ouvrir un front contrez l’Angleterre qui a fort à faire sur le continent et qui se
 préoccupe peu des Irlandais.

Malgré tout, les Anglais font un effort et envoient….20 000 soldats qui soumettent Dublin par leur artillerie. 60 Irlandais et 150 soldats
de Sa Majesté tombent. Mais ces combats touchent encore plus durement les civils, parmi lesquels on dénombre 300 morts et 2 000 
blessés. Le dirigeant irlandais James Connolly et une quinzaine d’autres meneurs sont arrêtés et passés par les armes.
Ces 
évènements dramatiques se sont produits devant la GPO (General Post Office). A tous visiteurs étrangers, les guides rappellent
volontiers cet épisode sanglant que 
la mémoire collective n’a pas oublié. 

Après plusieurs tentatives, le Parlement finit par voter en 1911 le « Home Rule». Il s’agit d’un projet pour donner une certaine autonomie à 
l’Irlande, tout en restant sous la Couronne anglaise. Contrairement à ce qui avait été prévu, ce projet ne satisfait personne : ni les grands
propriétaires terriens anglais et protestants, ni la 
majorité d’Irlandais pauvres et catholiques. Le problème est à la fois politique, religieux et
social. Situation qui aboutit à la partition en 1920, puis à la création de 
l’Etat libre d’Irlande (Eire ou encore appelée « Verte Erin » à cause de ses paysages verdoyants). On a coutume de parler d’Irlande du Sud, ce qui est impropre car une partie de ce territoire va loin au nord de l’île
(comté du Donegal 
au nord-ouest). Ce qu’on appelle l’Irlande du Nord, est en fait une grande partie de la province de l’Ulster, dont quatre
comtés sont restés avec l’Irlande du Sud.

Le 21 janvier 1919, l’Irlande se déclare indépendante. Alors c’est la guerre, car le gouvernement de Londres refuse cette sécession. Ce sont
deux ans de guerres entre l’IRA (Irish Republic Army) et l’armée britannique, complétée par la Police royale britannique et les Blacks&Tans
(anciens combattants anglais et écossais).
Le cessez-le-feu est décrété le 11 juillet 1921. Il faudra attendre le 29 décembre 1937 pour que l’Eire obtienne réellement son indépendance.
Mais la situation reste compliquée. En principe, pour le sud, c’est simple : 95% de catholiques. Ca l’est moins dans le nord où il y a 2/3 de
protestants et 1/3 de catholiques. Ces derniers se reconnaissent Irlandais et non Britanniques. D’où des heurts fréquents et violents entre
les deux communautés. Surtout que les catholiques du nord sont soutenus par le Sinn Fein, parti nationaliste du sud (qui deviendra républicain
par la suite).

La violence atteint son paroxysme lors du « bloody Sunday » (dimanche sanglant) du 30 janvier 1972. Pour réagir aux attentats de l’IRA, l’armée britannique déclenche une véritable tuerie dans un quartier de Londonderry (souvent appelé Derry), ville sur la côte nord de l’Ulster. La fusillade
fait 14 morts et 28 blessés. Ce 
qui ne fait qu’aggraver la tension. Dans toute l’Irlande du Nord, l’atmosphère evient irrespirable. Partout, des troupes patrouillent, l’arme prête à tirer. Des camions militaires et des blindés sillonnent les rues. Il est interdit de se garer n’importe où ; il est obligatoire
d’aller dans des parkings gardés. Dans la journée, 
on cohabite dans les différentes activités. Mais après le travail, chacun rentre dans son quartier et redevient catholique ou protestant selon le cas.

Les murs sont tagués d’appels à la haine. On ne passe pas son temps à errer dans les rues à faire du lèche-vitrines. Les attentats sont fréquents.
Le 5 mai 1981, Bobby Sands est mort. Il vit en Irlande du Nord, donc citoyen britannique dont il est même député aux Communes (équivalent
de notre Assemblée Nationale). Haut responsable de l’IRA, considérée hors la loi, il est arrêté et emprisonné. Là, il entame une grève de la faim
le 9 avril. Elle lui est fatale le 5 mai suivant, à l’âge de 27 ans. Bobby Sands devient un symbole mais ne suscite aucune compassion de la part de Margaret Thatcher, Première Ministre de l’époque et qu’on surnommait la « Dame de fer ». Avec lui, 9 autres grévistes de la faim, trouvent la mort
dans les jours et les semaines qui suivent. Tousavaient moins de 30 ans. 

Après 30 années de guerre civile (1968 – 1998), un accord est enfin signé à Belfast, le 10 avril 1998, avec une médiation américaine. Cet accord est signé par Monica Mac Williams (députée de Belfast nord), Gerry Adams (député nord-irlandais, mais catholique au Parlement de Londres), Bertie
Ahern (1
er Ministre d’Irlande) et Tony Blair (1 er Ministre britannique). Cet accord prévoit la suppression de la frontière entre les deux Irlande
(ce qui pose un problème depuis le Brexit), le 
désarmement. 

Après avoir été longtemps un pays pauvre, marqué la domination britannique, par la religion et certains scandales découverts récemment
(pédophilie et charniers d’enfants du côté de Tuam au centre de l’île), l’Irlande est devenue un pays riche. La transition s’est faite à partir des
années 90. Maintenant, l’île d’Irlande a une superficie 84 000 km2, dont 70300 km2 pour l’Eire (à peu près équivalent à la région Auvergne-
Rhône-Alpes soit 69 700 km2). Là, vivent 6,6 millions d’habitants, dont 4,9 millions pour l’Eire (densité : 71 hab/km2, alors qu’elle est de
133 pour l’Irlande du Nord). Elle est devenue l’Etat le plus riche de la planète, après le Luxembourg et Singapour (revenu/habitant : 127 000
dollars) mais avant les émirats du Golfe Persique et loin devant la France qui est 26 ème avec un revenu de 55 500 dollars.

Quelle est donc l’origine de ce miracle ? Pendant la misère, notamment au XIXème siècle (grande famine du milieu du siècle) , bon nombre 
d’Irlandais ont émigré vers les Etats-Unis, formant là-bas, une puissante et influente diaspora, voire mafia. Au point de donner plusieurs
Présidents, dont George Washington, 
Theodore Roosevelt, Woodrow Wilson, John Kennedy, Ronald Reagan). Ces contacts ont incité de grandes entreprises à venir s’installer en Irlande. Elles ont été d’autant plus incitées que l’Irlande s’est transformée en véritable paradis fiscal.

Ainsi, sept grandes entreprises d’envergure mondiale ont leur siège social à Dublin, ou emploient des Irlandais :

– Apple installée à Cork (sur la côte sud de l’Irlande) ;
– Google ;
– CRH : pour la production de matériaux de construction de qualité, vendus
dans le monde entier ;
– Medtronic-Covidien : pharmacie ;
– Microsoft ;
– Eaton : gestion de l’utilisation de l’énergie ;
– Facebook.
Mais l’Irlande a d’autres originalités. Sur le plan sportif, il existe des jeux qu’on ne trouve nulle part ailleurs : le hurling et le football gaélique.
Avec le rugby, le championnat rassemble toute l’Irlande, nord et sud. L’équipe nationale de rugby – une des meilleures du monde actuellement – rassemble des joueurs de toute l’île.
Ainsi, dans une même équipe, on trouve des protestants et des catholiques qui jouent sous le même maillot, avec la même ferveur (on parle de leur légendaire « fighting spirit ») et qui chantent le même hymne national : « Ireland ». Par contre, pour le football, il existe officiellement deux équipes
qui participent chacune de leur côté aux compétitions internationales : Eire et Irlande du Nord. Autre originalité : la production littéraire. Parmi les nombreux auteurs hommes et femmes, on peut citer quelques-uns des plus connus :
– Jonathan Swift (1667 – 1745)
– Bram Stoker (1847 – 1912)
– Oscar Wilde (1854 – 1900)
– George Bernard Shaw (1856 – 1950)
– William Butler Yeats (1865 – 1939)
– James Joyce (1882 – 1941)
– Samuel Beckett (1906 – 1989)
– Brendan Behan (1923 – 1964).
L’Irlande a aussi vu naître de célèbres groupes musicaux de réputation internationale, tels que U2, The Dubliners, The Chieftains, Cranberries et sa
merveilleuse chanteuse, Dolores O’Riordan, malheureusement partie trop tôt le 15 janvier 2018, à l’âge de 47 ans. Même quand elle était pauvre,
 l’Irlande a toujours été riche par sa culture, son folklore. L’Irlande vit encore dans ses « singing pubs » où la Guinness coule à flots. Encouragée
par la publicité omniprésente pour Guinness avec ce slogan : « Guinness is good for you». On prétend même qu’on en donne dans les
maternités pour que les mères aient plus de lait. Là, je laisse la médecine juger….

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